L’intelligence artificielle, un outil comme les autres ?
Chaque année, Caroline Moricot propose dans son cours de socio-anthropologie des techniques, d’explorer la manière dont une société se raconte à travers les techniques qu’elle met en œuvre. Répondant à l’appel à manifestation d’intérêt initié par le vice-président délégué chargé de la Stratégie et des innovations numériques Jean-François Caulier, l’enseignante a choisi comme fil conducteur du semestre l’intelligence artificielle et les enjeux que cette dernière soulève au quotidien.
Un outil à apprivoiser
Les usages de l’intelligence artificielle (IA) se multiplient, notamment au sein de l’enseignement supérieur. Les étudiants en troisième année de licence de Sciences sociales, parcours socio-anthropologie, ont travaillé sur différentes utilisations de l’IA depuis septembre dernier. Mené par Caroline Moricot, professeure de sociologie, le cours a permis aux étudiants de prendre conscience des enjeux et bouleversements qui découlent de l’IA. « L’IA ouvre sur des sujets qui intéressent beaucoup les étudiants. Tout cela est très nouveau et c’est important de les former, de même que nous, enseignants, devons aussi nous former à ces questions », témoigne l’enseignante.
L’objectif de ce travail est d’encourager les étudiants à construire une réflexion sur les usages et les pratiques de l’IA. « La consigne initiale était de rassembler l’essentiel de la littérature sociologique, anthropologique, mais aussi philosophique et historique sur une des applications de l’IA. » Production artistique, relations amoureuses et amicales, gestion des foules, reconnaissance faciale ou encore traduction automatique, chaque groupe a travaillé sur un usage de l’intelligence artificielle. « Ils ont eu tout le semestre pour construire cette recherche, rassembler la bibliographie, développer leur point de vue et préparer leur présentation. », ajoute-t-elle.
Un regard approfondi des étudiants
Parmi les sujets retenus, un groupe d’étudiants s’est penché sur les relations entre l’IA et les interactions humaines. Ils ont exploré la manière dont l’IA agit en tant qu’agent conversationnel dans les interactions humaines et sociales. « Nous nous sommes demandés comment l’intelligence artificielle s’intègre dans les interactions sociales en utilisant des stratégies conversationnelles en tant qu’agent et outils. », précise un membre du groupe. Cette étudiante souligne que, malgré sa capacité à simuler des interactions sociales, l’IA présente des lacunes intrinsèques, mettant en lumière l’importance des enjeux liés à la qualité de ces interactions.
L’avenir de l’IA dans les sciences sociales
« Je pense que l’IA connaît son utilité dans le domaine des sciences sociales. Elle peut à la fois être un bénéfice et un problème. De fait, cela dépendra des différents usages par les chercheurs eux-mêmes », déclare l’étudiante. Elle souligne également les défis potentiels en ajoutant : « ll peut y avoir des problématiques, telles que l’enjeu du biais algorithmique. Des analyses et des données par l’IA dépendent considérablement des big data, qui reflètent fidèlement la vision biaisée de notre société où des problèmes d’inégalités et des discriminations se posent. »
En somme, l’expérience témoigne qu’il faut mettre en garde au sujet des biais algorithmiques. Un équilibre est nécessaire entre l’utilisation de l’IA pour simplifier la recherche et la nécessité de maintenir des normes rigoureuses et éthiques dans les analyses sociologiques.
« Ce travail a permis d’ouvrir un espace de réflexion avec les étudiants. Il est important de prendre la mesure des enjeux concernant les différents usages de l’IA et de former les futurs sociologues qui auront la mission d’éclairer le débat », conclut Caroline Moricot.
Retrouvez prochainement les vidéos de présentation des travaux des étudiants sur l’IA.