Remises de DHC à Sofia Corradi et Hisham Matar
Près de 150 personnes étaient réunies le 7 juin 2024 dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne pour la remise des insignes de doctorat honoris causa à Sofia Corradi, professeure émérite de l’université Rome III et idéatrice du programme Erasmus et à Hisham Matar, écrivain lybien ayant connu l’exil.
Créé en 1918, le titre de docteur honoris causa (DHC) est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées par les universités françaises pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France et à l’université ».
La cérémonie s’est ouverte sur l’entrée du cortège des autorités académiques, suivie par la présidente de l'université, Christine Neau-Leduc, accompagnée par les récipiendaires : Hisham Matar et Margherita Ventura, petite fille et représentante de Sofia Corradi qui n’avait pas pu faire le déplacement pour l’occasion. « En ce lieu où le savoir est transmis depuis des générations, c’est avec une immense fierté que l’université a décidé de remettre les insignes de docteur honoris causa à Sofia Corradi et Hisham Matar », introduit Christine Neau-Leduc avant d’ajouter : « Vous laisserez une trace dans l’histoire de l’université. »
Sofia Corradi et Hisham Matar sont respectivement les 70 et 71e récipiendaires d’un doctorat honoris causa de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne aux côtés de personnalités comme Nelson Mandela, Pablo Picasso, Juan Manuel Santos et bien d’autres.
Sofia Corradi, d’étudiante voyageuse à « Mama Erasmus »
Camille Salinesi, vice-président chargé des Relations internationales à l’université, a poursuivi la cérémonie par un éloge de Madame Sofia Corradi. « Je voudrais que chacun mesure ce que nous devons à Madame Corradi. Grâce à elle et à son idée de créer un projet pour permettre aux étudiants de voyager dans le cadre de leurs études, le programme Erasmus a finalement vu le jour après trente ans de travail », a-t-il commencé. Il a poursuivi en mettant en avant l’impact du programme Erasmus sur les générations d’étudiants qui ont suivi sa création et encore aujourd’hui : « Erasmus incarne un pilier fondamental de la coopération européenne et a contribué à fonder une identité européenne commune. Madame Corradi, en vous honorant aujourd’hui, nous célébrons une bâtisseuse de paix et de fraternité, votre exemple nous inspire. Merci pour votre dévouement et votre héritage. Grâce à vous, des générations de jeunes européens ont pu découvrir le monde et se découvrir eux-mêmes », a-t-il fini par conclure.
La présidente de l’université a remis les insignes de docteur honoris causa à Margherita Ventura qui les a reçus au nom de sa grand-mère, Sofia Corradi. Cette dernière a ensuite pris la parole afin d’exprimer sa gratitude pour ce diplôme honorifique. « Pour reprendre les mots de ma grand-mère, Mama Erasmus : l’éducation ne doit pas se limiter aux frontières. Il est important de donner l’opportunité aux étudiants d’étudier à l’étranger. Avec Erasmus, elle a créé un pont entre les cœurs des personnes qui en font l’expérience », a-t-elle déclaré.
Hisham Matar, d’enfant exilé à auteur reconnu
Après un interlude musical de l’École des musiques méditerranéennes, François Chausson, vice-président chargé de la Culture et du Rayonnement, Science et Société, a prononcé l’éloge du second récipiendaire : Monsieur Hisham Matar. « Votre œuvre est nourrie de votre vie, relevant, souvent, de ce que l’on appelle l’autofiction, mais avec la recherche d’une portée universelle. C’est donc de votre vie qu’il convient de parler d’abord puisque c’est aussi parler de votre œuvre laquelle est une action politique », a commencé ce dernier. « Dans Mes amis vous écrivez : la violence exige une traduction. Vous êtes cet interprète, prophètes en grec, celui qui traduit autrement l’indicible pour le rendre dicible. Ce jour, vous nous honorez de votre œuvre et de votre prestige ainsi que de votre présence. Nous vous en savons un gré infini et notre université vous en remercie », a rajouté François Chausson, avant de conclure : « Les mots du cœur ne peuvent se dire et entendre que dans la langue maternelle », en italien, en anglais et enfin en arabe.
Hisham Matar s’est également vu remettre les insignes de docteur de l’université par la présidente. « L’honneur que vous me faites aurait été une surprise peu importe le moment ou l’endroit auquel il m’aurait été donné, mais il est encore plus significatif pour moi du fait de mon expérience à Paris. Cette ville est l’endroit où, il y a près de vingt ans, ma femme Diana et moi sommes venus pour nous échapper en tant que deux artistes à la recherche de temps et de liberté », a-t-il déclaré. « Avec votre permission, à partir de maintenant, je considérerai votre université et votre communauté comme l’un de mes points sur ma carte d’exil personnelle », a conclu l’écrivain.