Colloque : Des altérations à l'utilisation des céramiques
Dans le cadre d’une journée d’étude, la question de l’analyse fonctionnelle des récipients en céramique sera soulevée, dans des contextes archéologiques et ethnographiques. De récents travaux ont mis en évidence la nécessité de coupler les différentes méthodes de caractérisation fonctionnelle . Suivant ce fil conducteur, la thématique sera abordée à travers l’analyse des altérations et des résidus qui permettent d’identifier le contenu ainsi que les gestes associés à la manipulation et à l’utilisation des vases en terre cuite. En confrontant des données issues de différents contextes chronologiques et culturels, cette journée se fixe pour objectif de contribuer à la création d’une nomenclature et d’un référentiel des traces d’usure et des résidus présents sur les corpus céramiques.
L’argile, depuis la matière première jusqu’au produit fini, sera au cœur des réflexions. Il s’agira d’une part d’examiner les processus mécaniques, chimiques et thermiques qui affectent le matériau lors de l’utilisation des récipients, d’autre part ce que nous révèlent les altérations en surface et les résidus imprégnés des activités qui en sont à l’origine. La présentation de travaux en cours pourra contribuer à la distinction entre « fonction primaire » et « usage » des vases ainsi qu’à à la mise en évidence des « compétences techniques » du potier face aux « contraintes fonctionnelles » . Elle permettra aussi d’évaluer la pertinence des méthodes biochimiques et tracéologiques pour détecter les denrées préparées, stockées, consommées/utilisées, enfin, l’outillage et les gestes impliqués dans ces activités.
Dans le but de favoriser les débats, cette journée d’étude s’apparentera à une table ronde interdisciplinaire. Sont invités des archéologues, mais également des ethnologues, des tribologues et des chimistes à venir présenter des études de cas. Les communications, qui dureront 15 à 20 minutes, s’appuieront sur des photographies macro- et microscopiques et, dans la mesure du possible, sur la manipulation de mobilier archéologique. Le thème des sessions suivra les principales catégories d’altérations retrouvées sur les corpus céramiques. Chaque session sera ponctuée par des discussions approfondies.
Session 1 : Altérations mécaniques et physiques
Il s’agit des traces formées lors de contacts répétés et/ou intenses (frottements, bris, etc.) ainsi que les fracturations dues à des phénomènes naturels (par exemple, le gel). La session portera à la fois sur la réaction du matériau face aux chocs et sur les traces produites par la manipulation et l’emploi d’outils lors de l’utilisation. La notion de durée de vie des céramiques pourra être abordée.
Session 2 : Altérations chimiques
Il s’agit des traces produites par la transformation des denrées et par des contextes spécifiques d’enfouissement (notamment l’acidité des sols). On pourra examiner par quels processus chimiques les contenus provoquent la formation de traces sur les parois. Cela peut concerner les liquides acides ou alcoolisés, les processus de fermentation, les substances psychotropes, etc.
Session 3 : Dépôts, résidus et imprégnations
Il s’agit des restes organiques ou minéraux qui, par processus d’accumulation ou de carbonisation, se retrouvent en surface et dans les porosités. L’objectif sera non seulement d’aborder l’analyse chimique des résidus (méthodes, biais, résultats), mais aussi le potentiel informatif de l’observation macro- et microscopique des dépôts organiques et minéraux, par exemple dans le cadre de techniques d’éclairage ou encore d’activités métallurgiques.
Session 4 : Altérations thermiques
Il s’agit de la fracture ou des altérations de surface qui interviennent lors d’une montée soudaine en température. Ce phénomène concerne essentiellement les activités de cuisson et la crémation ; occasionnellement la destruction des sites par incendie. Peut-on identifier différents modes de cuisson pour la transformation alimentaire à partir des traces (ébullition, torréfaction, grillage) ? Dans quelle mesure le potier a-t-il pu anticiper la résistance aux chocs thermiques de sa production ? Comment différencier les usures thermiques dues à un incendie de celles obtenues par les cuissons primaire et secondaire d’un vase ?