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Colloque

Questions de générations : de la fabrique d’une notion à ses usages

Comment analyser le monde social au prisme des générations ? Désignant l’action d’engendrer, de mettre au monde, de produire, la notion même de génération n’est pas évidente bien qu’elle soit fréquemment utilisée par les médias, mobilisée par les partis politiques et employée jusque dans le marketing pour qualifier des objets et des appareils technologiques toujours plus perfectionnés et innovants.

Phénomène aux significations multiples, synonyme du terme « cohorte », la génération désigne en démographie une classe d’âge et permet de classer les populations. Notion élastique des sciences sociales, elle revêt plusieurs dimensions : historique, sociologique et généalogique. Elle permet d’observer les faits sociaux et les trajectoires des individus à différents moments de leur vie en interrogeant la construction des catégories d’âge et de genre. Elle est aussi nécessaire à la compréhension des relations intergénérationnelles qui animent le monde social dans les relations professionnelles, amicales, familiales (entre parents et enfants, dans les couples, au sein des adelphies), mais aussi dans les groupes ou mouvements politiques et sociaux (partis, organisations).

Sociologues et historiens, comme Karl Mannheim et Marc Bloch, ont interrogé le phénomène générationnel dans la première moitié du XXe siècle en soulignant l’importance du cadre historico-social pour la construction des générations. Leurs travaux ont été enrichis par des générations successives de chercheurs en sciences humaines et sociales. À titre d’exemples, depuis les travaux précurseurs de Jean-François Sirinelli, il faut souligner les contributions majeures de Ludivine Bantigny sur la jeunesse des Trente Glorieuses, du récit de filiation de Stéphane Audouin-Rouzeau à partir de la Première Guerre mondiale et, tout dernièrement, les travaux d’Hélène Dumas sur la mémoire du génocide au Rwanda et de Fabrice Langronet sur la socio- histoire des habitants d’un immeuble de La Plaine Saint-Denis au tournant des XIXe et XXe siècles.

En sociologie, dans le sillage de Benoît Coquart et de Nicolas Renahy, Yaëlle Amsellem-Mainguy a étudié ces dernières années la trajectoire d’une génération de jeunes femmes en milieu rural, interrogeant la dialectique du territoire, du genre et de la génération.

Le prisme générationnel se révèle ainsi une entrée féconde pour étudier le monde social, ses pratiques et ses représentations. De ce fait, cette journée d’étude « Questions de générations » invite les contributeurs et contributrices à mettre au centre de leur réflexion les rapports entre et au sein des générations, leurs relations dans les différentes sphères du monde social, dans l’espace public et dans la sphère privée, à l’échelle individuelle et collective. Tout en menant une réflexion sur les outils et les cadres méthodologiques autour de cette notion, plusieurs pistes peuvent être suivies à partir des axes suivants, et sans limites géographiques :

  • Axe 1. La fabrique des générations
  • Axe 2. Pratiques et transmissions d’une génération à l’autre
  • Axe 3. Cultures matérielles et représentations

Comité scientifique : Peter Hallama (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Sophie Momzikoff (Sorbonne Université), François-Xavier-Nérard (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Fabrice Virgili (CNRS) 

Comité d’organisation : Yoanna Chesnot (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Jahiz Guemriche (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Benoît Pouzoulet (Sorbonne Université), Coline Saintherant (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) 

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