M. Mathieu Serenne

Affectation(s)

ED Histoire : École doctorale d'histoire

LAMOP : Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (UMR 8589)

Domaines d'expertise

Histoire médiévale Histoire économique et sociale Histoire médiévale de la péninsule italienne Histoire de Sienne Histoire de la comptabilité

À propos de moi

 

Projet de thèse : L'argent des marchands-banquiers siennois du XIII^e siècle.

     L’histoire des hommes d’affaires siennois du XIII^e siècle peut être racontée en trois chapitres : leur ascension au début du XIII^e siècle, comme marchands-banquiers, puis comme « changeurs du pape » à partir de la fin des années 1220 ; leur apogée autour de 1270, à présent comme banquiers plutôt que marchands, agissant dans l’ensemble de la Chrétienté ; et leur déclin au profit des compagnies florentines, des années 1280 à leur retrait de la finance transnationale dans la première moitié du XIV^e siècle. Ce récit ternaire suit et se confond même avec celui de la commune. Dans le cadre de notre doctorat, nous tâchons d'abord de mieux comprendre l'émergence des compagnies siennoises autour 1200 et ainsi les débuts de l'expansion de Sienne.

     Tandis que les archives du XII^e siècle sont relativement pauvres, les compagnies et leurs associés apparaissent déjà riches et actifs aux Foires de Champagne et à Rome vers 1200. Les circonstances de leur ascension restent donc obscures. Il est cependant admis que le choix de la Chambre apostolique de confier la collecte de la décime à des compagnies siennoises à la fin des années 1220, au détriment d’hommes d’affaires romains, a permis un véritable décollage de ces compagnies. Mais alors pourquoi ce choix de quelques Siennois plutôt que d'autres marchands-banquiers italiens ?

     Nous entendons suivre l'hypothèse suivante : ce choix doit être rapporté à la mise en exploitation des mines d’argent du Sud-Ouest de la Toscane - des filons argentifères furent découverts à Montieri vers 1180 et à Massa vers 1200, et des compagnies pourraient avoir joué un rôle de premier plan dans leur exploitation ou du moins dans la valorisation de l'argent extrait. La Papauté a-t-elle fait de Siennois ses publicains et ses banquiers, parce qu’ils pouvaient, plus que d’autres, lui faire parvenir rapidement des lingots d’argent ou du numéraire ? Cet accès direct et proche à des mines d'argent constituait-il une garantie hors du commun, rendant sûr le dépôt des revenus considérables de la Papauté dans ce qu'on appelle les banques siennoises ?

     Si tel était le cas, les mines d'argent du "pays siennois" constitueraient un élément fondamental de la croissance de Sienne. Nous comprendrions mieux pourquoi les compagnies siennoises se spécialisèrent dans la finance, plutôt que dans le commerce, la transformation et la production de draps. Nous comprendrions peut-être aussi pourquoi la puissance financière qu'était la commune de Sienne dans la seconde moitié du XIII^e siècle n'a pas frappé sa propre monnaie d'or, à la différence de Florence, Gênes (1252) et Venise (1284).