Trente ans de musique avec l’OCUP
L’Orchestre et le chœur des universités de Paris (OCUP) propose aux étudiants de poursuivre leur pratique de la musique après leur entrée dans l’enseignement supérieur. Enseignant-chercheur en histoire à l’université, Jean-Marie Le Gall est président de l’OCUP depuis onze ans. À l’occasion des trente ans de cette formation musicale interuniversitaire, il revient sur la riche histoire, mais aussi l’actualité de cette dernière.
Comment est né l’OCUP et de qui est-il composé ?
Jean-Marie Le Gall : L’initiative est de Colette Jégouzo, qui est l’épouse d’Yves Jégouzo, ancien président de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Une fois à l’université, les étudiants ont souvent un choix à faire entre la voie professionnelle ou arrêter la musique. Avec l’appui d’universités, de la mairie de Paris et du Crous, un orchestre et un chœur ont été créés. Nous avons environ 60 instrumentistes dans l’orchestre et 120 choristes amateurs, mais sans amateurisme et venant d’universités d’Île-de-France. Les auditions de septembre permettent d’évaluer leur niveau technique. Depuis quinze ans, le chef d’orchestre est l’ancien violoncelle supersoliste de l’Orchestre national de France, ancien assistant de Kurt Masur et professeur associé à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Carlos Dourthé. Le compositeur Guillaume Connesson est le chef de chœur. Il est professeur au Conservatoire national supérieur de Paris. De nombreux solistes de renom jouent avec nous comme Anne Queffélec, Bruno Delepelaire et Raphaël Pidoux. Nous nous produisons à la Philharmonie de Paris, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à l’église Saint-Eustache, dans la cathédrale des Invalides. Le chœur peut être sollicité, notamment par Vladimir Cosma qui l’a fait jouer au Grand Rex et au Zénith de Paris. La force de ce chœur est qu’il est composé de voix jeunes, au timbre particulier, même si ses membres ne sont pas professionnels.
Quel rôle joue Paris 1 Panthéon-Sorbonne ?
J.-M. Le Gall : L’université finance le poste de Past (professeur des universités associé) du chef d’orchestre. C’est également elle qui envoie le plus d’étudiants à l’OCUP. Plusieurs membres du bureau travaillent ou ont travaillé à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il y a une forte implication et un véritable attachement de notre université envers cette formation.
Comment les activités de l’OCUP ont évolué en trente ans d’histoire ?
J.-M. Le Gall : Notre idée est que la musique ne doit pas uniquement rester dans des salles de concert. Elle doit accompagner les évènements de la vie comme les cérémonies. Nous nous sommes par exemple produits lors de la panthéonisation de Geneviève Anthonioz-de Gaulle, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay. Les musiques de film entrent au répertoire. Il y a deux ans, nous avons ainsi créé un concours de composition pour encourager les jeunes professionnels de la musique. Nous demandons à des compositeurs, sortant des conservatoires régionaux ou nationaux, d’écrire une pièce de dix minutes. L’œuvre du gagnant est jouée en public et enregistrée. Enfin, je souhaite développer la mobilité internationale. Nous avons par exemple envoyé notre chœur à Berlin, mais nous devons faire plus, beaucoup plus.
Quelles sont vos missions au quotidien en tant que président ?
J.-M. Le Gall : Je suis président de l’OCUP depuis 2012. J’ai un rôle d’interlocuteur avec les institutions. La musique est certes immatérielle, pourtant il n’y a rien de plus matériel. Je m’occupe de la programmation, des salles, des instruments, mais aussi des finances. Je gère aussi l’exceptionnel, c’est-à-dire les imprévus.
Qu’est-ce qui vous a amené à prendre ces fonctions et quel est votre goût pour la musique ? Jouez-vous d’un instrument ?
J.-M. Le Gall : Jusqu’à 18 ans, je voulais être musicien. J’ai fait du piano et de la contrebasse. J’étais dans un orchestre dirigé par Paul Kuentz. Puis, je suis entré en classe préparatoire à Paris. André Hervier, ancien vice-président au sein de l’université et à la tête de l’OCUP, avait remarqué mon intérêt pour la musique et ma propension à toucher un piano dès que l’un était libre. Je souhaite que l’on puisse pratiquer la musique à l’université, comme le sport. Mais les étudiants qui intègrent l’OCUP ne viennent pas seulement pour elle. Celle-ci est un facteur de sociabilisation et permet des rencontres avec des gens venant d’horizons différents.
Qu’aimeriez-vous dire à un étudiant qui souhaite intégrer l’OCUP ?
J.-M. Le Gall : Viens ! Les jeunes ont l’opportunité de jouer avec des chefs exigeants et des solistes qui ont une certaine réputation. Jouer lors d’une panthéonisation, aux Invalides, au théâtre des Champs-Élysées ou du Châtelet : ils vont vivre des expériences incroyables.
Un mot sur le concert du 27 juin ?
J.-M. Le Gall : Nous allons jouer deux très belles œuvres. Le Requiem de Verdi est une musique funèbre, mais grandiose et théâtrale. C’est mourir en beauté. Nous jouerons également le double concerto de Poulenc qui est l’un des compositeurs les plus joués au monde et qui allie modernité et classicisme. C’est une très belle programmation avec des solistes exceptionnels. Nous attendons le public nombreux !
Trois questions à Marie, étudiante et membre de l’OCUP
Depuis combien de temps faites-vous de la musique ?
Marie : Je suis membre de l’OCUP depuis septembre 2021 et je fais partie du chœur. Je fais de la musique depuis que j’ai sept ans. J’ai commencé par une dizaine d’années de piano avant d’essayer l’accordéon et le violon pendant quatre ans. Mes études ont rendu difficile la poursuite d’une activité musicale.
Pourquoi avoir rejoint l’OCUP ?
Marie : J’ai pu renouer avec la musique. Les horaires des répétitions sont pratiques pour un emploi du temps étudiant. Les lieux de concert sont exceptionnels. C’est un plaisir de chanter avec des étudiants de toutes les universités parisiennes et qui sont dans des formations très diverses. L’OCUP est un soutien important. Je m’y suis fait des amies très chères et les œuvres que nous chantons sont un dépaysement magique chaque semaine.
Quel est votre meilleur souvenir avec l’OCUP ?
Marie : Grâce à notre responsable des formations musicales, Anne-Sophie Kassubeck, nous avons eu la chance de nous produire dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides pour le concert de l’année dernière. La soirée était extraordinaire et l’ambiance jubilatoire juste avant le concert m’a beaucoup marquée.